Faire advenir la complexité pour refaire corps : 'Silence du chœur' de Mohamed Mbougar Sarr, une poétique du franchissement des frontières symboliques

Virginie Brinker

Résumé


Silence du chœur est le deuxième roman de Mohamed Mbougar Sarr. À travers ce roman haletant de plus de 560 pages, décrivant l’arrivée de soixante-douze hommes subsahariens dans un village d’Italie, l’auteur s’emploie à démonter les frontières effectives et déconstruire les frontières symboliques que les hommes érigent entre eux par peur de se perdre ou se remettre en question. Le roman pointe ainsi la nécessité de faire corps social en faisant advenir la complexité des personnages et des situations, tout comme la nécessité de faire « corps avec le lieu » (Sarr, 2022, p. 119) en renouant avec la vérité profonde du mythe. Pour cela, l’auteur déploie toute une poétique au service du franchissement des frontières symboliques, qu’il s’agisse d’outrepasser la frontière des mots eux-mêmes, ou de littéralement déplacer le lecteur, en le conduisant à éprouver la durée (principale ennemie des ragazzi), ou bien la polyphonie (premier pas vers l’examen critique). Les frontières entre l’art et la vie s’en trouvent elles aussi repoussées, comme au théâtre, genre vers lequel tend l’ensemble du récit, peut-être seul à même de garantir la possibilité de « refaire corps » après le chaos.

Mots-clés


Migration ; Frontières symboliques ; Complexité ; Mythe ; Corps

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DOI: https://doi.org/10.7203/HYBRIDA.6.26333

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