À quoi sert une frontière ? (à propos de Le Cabinet des Merveilles de Mario Pasa, Celui qui est digne d’être aimé d’Abdellah Taïa et Zinc de David Van Reybrouck)

À quoi sert une frontière ? (à propos de Le Cabinet des Merveilles de Mario Pasa, Celui qui est digne d’être aimé d’Abdellah Taïa et Zinc de David Van Reybrouck)

Maria de Fátima Marinho / Université de Porto / Portugal

La formation d’une nation convoque théoriquement la sensation d’appartenance à un groupe et l’idée que les différences entre les individus sont bien moins importantes que les affinités qui les rassemblent. Si l’on considère que la notion d’identité doit être fondamentale pour la création d’une nation, alors il faut absolument que les frontières et les liens d’appartenance ne soient pas séparés. Sachant que cette affirmation est loin d’être vraie, on essaiera de démontrer comment les romanciers réussissent à théoriser et à actualiser ces notions. Le Cabinet des Merveilles de Mario Pasa, Celui qui est digne d’être aimé d’Abdellah Taïa et Zinc de David Van Reybrouck seront des exemples à retenir.
Mots-clés : identité ; nation ; frontières ; roman ; géopolitique

1. Introduction

La formation d’une nation convoque théoriquement la sensation d’appartenance à un groupe et l’idée que les différences entre les individus sont bien moins importantes que les affinités qui les rassemblent. D’après Ali Benmakhlouf (2011, p. 19), le concept d’identité serait une espèce de labyrinthe entre l’apparence, l’imagination, la négation et le changement. Cette notion sera responsable du caractère fictionnel inhérent à toutes les affirmations identitaires qui s’avèrent plus artificielles que réelles (Benmakhlouf, 2011, p. 34). Si l’on considère que la notion d’identité doit être fondamentale pour la création d’une nation, alors il faut absolument que les frontières et les liens d’appartenance ne soient pas séparés. Cependant, on sait que cette affirmation est loin d’être vraie : les frontières sont souvent des lignes conventionnelles, dont le sens, quelquefois, pose plus de problèmes qu’il ne les dissout. La notion d’une autorité territoriale peut être liée à l’effet d’appartenance dont on parlait ci-dessus. D’après Anne-Laure Szary, la frontière « ne peut être qu’un lieu étrange, tant sa définition pose question » (Szary, 2015, p. 18). Cette affirmation devient dangereuse, car elle souligne l’instabilité des frontières et le caractère souvent artificiel de ces changements de nationalité qui n’ont point d’ancrage stable. Si l’identité linguistique peut devenir une forme de distinction (Jacobsen, 2009, pp. 33-39), elle pourra aussi contribuer à une ambigüité paradoxale : la même langue pourra servir deux ou plusieurs identités qui s’avèrent absolument différentes (Almeida, 2018), créant une utopie difficilement visualisée et conçue. Les travaux de Groupe Frontière montrent l’échéance des anciennes théories et l’impossibilité d’une thèse uniforme et complétement établie (Groupe Frontière, 2004). L’utopie d’un monde sans frontières, dont l’Union européenne peut paraître une expérience actualisée, aura toujours un grand impact social et psychologique (Kolossov, 2013).

Dans ce petit essai, j’essaierai de définir les concepts de frontière et d’identité. La conscience de l’instabilité de ces notions et la perception de l’existence de plusieurs expériences limites nous amènent à considérer différents types de visions et de sentiments : le dépaysement, l’instabilité, la construction de l’autre (intérieur et extérieur), l’étrangeté de soi à soi-même, et, finalement la frontière intrusive. Toutes ces facteurs conditionnent la focalisation du monde et le récit que l’on en fait. Les exemples ci-dessous essaient de démontrer les concepts que je viens d’énoncer.

2. Définition de frontière

Si une frontière peut être considérée comme « une construction historique évolutive » et « une limite signifiante d’un territoire » (Groupe Frontière, 2004) et le Groupe Frontière en donne des définitions assez consensuelles, alors il n’est pas difficile d’affirmer que la frontière est le lieu de la rencontre de l’autre (Szary, 2015, p. 15). Ces limites et cette dangereuse rencontre pourront être à la base de notre société postmoderne (Sevastianov et alii, 2015, p. 6) ainsi que le concept de l’invention de l’autre (Beyaert-Geslin, 2021).

On ne peut oublier que l’idée de frontière est toujours liée à des catégories philosophiques, sociales, culturelles, économiques et religieuses qui conditionnent, bien plus que les limites géographiques (Kolossov et Scott, 2013) la pensée des individus. Une artificialité fondamentale semble indiscutable : la séparation des États est souvent le résultat de décisions des élites qui ne représentent nullement les sentiments du peuple lequel ne s’identifie pas avec des divisions forcées et finit par ériger des frontières symboliques bien plus adaptées aux besoins communs et à la mémoire géopolitique (Kolossov et Scott, 2013).

3. L’exclusivité historique de la vision européenne

Traditionnellement, la division politique des territoires suit une vision européenne, et force est de parler de « l’exportation du modèle européen de découpage du monde » (Szary, 2015, p. 22). Cette constatation montre bien l’importance dans notre imaginaire de la figure de la ligne sur une carte géographique (Szary, 2015, p. 22), figurant la séparation entre un dedans et un dehors (Debray, 2010, p. 25), nous et les autres, simultanément, symbole de désir et de répulsion (Debray, 2010, p. 30).

Lieu de passage (Debray, 2010, p. 50), la frontière devient un entre dangereux et attirant, une place ou le pouvoir peut être dénoncé et annulé (Debray, 2010, p. 75). L’absence de frontières peut en construire, symboliquement, d’autres plus fortes, parce qu’elles seront cachées, signifiantes en second degré.

Cette ambigüité essentielle pose des problèmes qui se répercutent sur l’identité même des individus, en créant parfois le sentiment d’une identité perdue, qui peut surgir après des événements traumatiques ou radicaux. « La mémoire constitue ainsi la catégorie nécessaire à travers laquelle la narration écrit l’Histoire » (Marinho, 2010, p. 243), c’est-à-dire que la mémoire fonctionne comme un ressort précieux pour redéfinir l’identité et les frontières qui en découlent.

4. L’essai de dépaysement

Quelques romans portugais peuvent servir à éclairer ce que je viens d’énoncer. Dans les dernières décennies du XXe siècle, après la Révolution des Œillets, en avril 1974, le sentiment d’appartenance à un groupe et à une nationalité déterminée a été ébranlé par l’indépendance des colonies africaines et par le retour au Portugal européen de milliers de personnes qui y habitaient. La perte, symbolique, économique, sociale, selon les points de vue et les circonstances individuelles, a créé une identité défaillante qu’il a fallu adapter aux nouvelles frontières et aux nouvelles réalités. Bien des romans portugais des années 80 et 90 montrent la quête d’une identité qui n’est plus que la réorganisation mentale des individus en perte et en quête désorientée (Marinho, 2010). Cette question des frontières apparaît obliquement, d’une façon indirecte et dissimulée. L’ébranlement des divisions connues et assimilées, l’apparition de nouveaux États souverains (même si, géographiquement sont lointains, Europe occidentale et Afrique), annule les frontières mentales, et la nation recule jusqu’aux frontières européennes, signifiant une diminution du territoire et obligeant à une reconfiguration de l’inconscient. Il est très intéressant d’analyser ce phénomène présent dans les romans d’un écrivain portugais, Gonçalo M. Tavares, dont les romans sont publiés au XXIe siècle. Cet auteur donne aux personnages des noms qui ne sont pas portugais. Ces noms ont l’air d’être anglais ou allemands, et les lieux où se déroule l’action ne sont jamais définis, signifiant un espace européen sans bornes et sans spécification. En adoptant pour ses personnages des noms étrangers, bizarres, il confond exprès des nationalités et des Histoires. Et l’on constate que les personnages de Osso do Meio [L’os du Milieu] (2020) s’appellent Kahnnak, Maria Lurbai ou Vassliss Rânia e ceux de Uma Menina Está perdida no século à espera do Pai [Une fille est perdue dans le siècle en attendant son père] (2014), Marius ou Hanna.

À la rigueur, cela peut signifier la destruction des frontières et la représentation d’identités évanouies, refusant la limite artificielle d’une frontière et montrant la construction d’un espace plus abstrait que réel.

Dans Uma Menina Está perdida no século à espera do Pai, il y a beaucoup de références aux Juifs et aux persécutions nazis, et ces références interfèrent de manière intrusive avec les personnages, qui les intériorisent et leur permettent de jouer un rôle oblique, souterrain, mais conditionnant des actes du présent :

Livros e História, imensas fotografias espalhadas por toda a casa.

Grube defendera numa conferência que a História era como um elemento vivo, que mudava de posição, acelerava, diminuía de ritmo, um elemento com peso constante – uma massa que de um ponto para outro se arrasta ou acelera – mas com um centro de gravidade variável. Numa das paredes da casa, como se fossem estações de comboio, assinaladas com pontos a marcador preto, estavam os nomes de várias cidades, e debaixo desses nomes uma data: Moscovo (1917), Jerusalém (1948), Berlim (1961).

Para Grube estes pontos identificavam os sucessivos centros de gravidade da História. Nestas datas e naquelas cidades estava o ponto que concentrava todo o peso do mundo. Se alguém quisesse derrubar, pôr a História de cabeça para baixo, era ali que teria de aplicar o golpe, naquele ponto preciso, no centro de gravidade. (Tavares, 2014, pp. 181-182).

[Livres et Histoire, assez de photos éparpillées partout.

Grube avait soutenu dans une conférence que l’Histoire était comme un élément vivant, qui changeait de position, accélérait, ralentissant son rythme, un élément au poids constant – une masse qui d’un point à un autre s’attarde ou accélère – mais avec un centre de gravité variable. Sur l’un des murs de la maison, comme s’il s’agissait de gares, marqués par des points au feutre noir, se trouvaient les noms de plusieurs villes, et sous ces noms une date : Moscou (1917), Jérusalem (1948), Berlin (1961).

Pour Grube, ces points identifiaient les centres de gravité successifs de l’Histoire. À ces dates et dans ces villes se trouvait le point qui concentrait tout le poids du monde. Si quelqu’un voulait renverser, bouleverser l’Histoire, c’était là qu’il devait frapper, à ce point précis, au centre de gravité. (Traduction de l’auteur de l’essai)].

C’est encore le problème de l’identité, des renversements de l’Histoire, de l’instabilité créée par les guerres, les mouvements de masses et les gens déplacés. Identité perdue, retrouvée, cachée, à peine définissable.

5. Définir l’instabilité : Mario Pasa, Le Cabinet des Merveilles

Un roman français publié en 1995, Le Cabinet des Merveilles, de Mario Pasa, réussit à donner l’image de frontières virtuelles, étranges, obliques, dissimulées, dans une place unique qui rassemble plusieurs endroits et les éloigne définitivement. Je parle d’un cabinet qui a plusieurs tiroirs, chacun correspondant à une ville différente :

Si petit soit-il, ce cabinet représente à lui seul un grand périple. Je l’ai baptisé « Cabinet des Merveilles » à cause qu’il possède sept tiroirs sur chacun desquels une vue de ville est gravée dans l’ivoire. Or, vous savez qu’on nomme mirabilia les recueils de telles images, d’où ce joli nom qu’il m’a plu de donner à mon ancien compagnon de route. Vous y verrez Prague, justement, mais Rome aussi, Venise, Dresde, Vienne, Amsterdam, ainsi qu’une cité idéale. (Pasa, 1995, pp. 12-13)

Ce cabinet symbolise une espèce de dépôt de secrets multiples qui dépassent les auteurs des lettres mises dans les tiroirs et qui correspondent à des situations passées dans chacune de ces villes. Le mystère devient plus lourd car, une fois le tiroir fermé, il est impossible de le rouvrir. On pourrait penser à une clôture complète de ces frontières imaginaires qui emprisonnent les personnages ainsi que leurs histoires, et qui les empêchent de poursuivre le chemin qui conduirait à la découverte d’une identité apaisée. L’impossibilité de rouvrir les tiroirs qui recèlent déjà des secrets à leur intérieur signifie la difficulté de briser des écrans translucides, mais devenant facilement opaques.

Sur chacune des vues qui ornent les tiroirs, vous aurez remarqué que le nom de la ville illustrée est inscrit dans une vignette – la Cité idéale, elle, s’intitule seulement civitas. Eh, bien, si vous appuyez doucement sur le côté droit d’une vignette lorsque le tiroir correspondant est fermé, elle pivotera et vous présentera son autre face, sur laquelle le nom de la ville est écrit à l’envers. Mais, alors, vous ne pourrez plus jamais ouvrir le tiroir dont vous aurez retourné l’inscription, et la petite clef qui lui correspond ne vous sera plus d’aucun usage, à moins bien sûr de briser le meuble tout entier. (Pasa, 1995, p. 71)

La dernière affirmation se révélera tout à fait fausse, car, en fermant le dernier tiroir, tous les autres ouvrent automatiquement et tous les secrets sont révélés et les frontières détruites. Cependant, l’instabilité des frontières est déjà signalée à Venise, ville qui échappe à la traditionnelle désignation : c’est une ville où « le monde est à l’envers » (Pasa, 1995, p. 80), c’est-à-dire où l’on est contraint de devoir changer la définition de la notion courante d’une ville en tant que lieu avec des rues et des maisons, pour la remplacer par une description qui échappe au sens commun et ramène à la méfiance. Rappelons un roman de l’espagnole Paloma Díaz-Mas, El Sueño de Venecia, publié en 1992 (Marinho, 2005, pp. 309-319), où l’auteure rapporte l’étrangeté provoquée par cette ville instable, aux limites vagues et dont les frontières marquent une différence absolue :

Lo más digno de espanto es que era ciudad sin calles; digo, que en vez de calles había ríos y en vez de plazas lagos y como callejones, canales. Como yo preguntara cómo hacían los habitantes de aquella ciudad para cruzar de un lado a otro de la calle, o para moverse por ella, respondía me sin vacilar que para cruzar las calles servían se de puentes (...); y en cuando a ir de una parte a otra de la ciudad, los ricos en vez de coches usaban unas barcas engalanadas, muy ricas, con un pabellón cubierto con cortinas como los de las sillas de manos de acá y un remero las guiaba con una pértiga, y los más pobres, de simples barquillas o de pequeños esquifes y en ellos transportaban las personas y las mercaderías. (Díaz-Mas, 1992, p. 19)

[Ce qui étonne le plus c’est que c’était une ville sans rues ; je veux dire, au lieu de rues il y avait des fleuves et au lieu de places des lacs et comme ruelles, des canaux. Comme je demandais comment faisaient les personnes de cette ville pour croiser d’un côté à l’autre de la rue, ou pour y circuler, on me disait sans hésitation que pour croiser les rues on se servait de ponts (…) ; et pour circuler dans la ville, les gens riches, au lieu de voitures avaient des bateaux décorés, très riches, avec un pavillon couvert de rideaux pareil à ceux des chaises à porteurs et un rameur les guidait avec une perche, et les plus pauvres, avec de simples gondoles ou de petits esquifs et y transportaient les personnes et les marchandises. (Traduction de l’auteur de l’essai)]

C’est une image presque utopique, une image qui semble irréelle, mais qui joue bien le rôle d’une instabilité profonde, et anticipe l’instabilité identitaire que des frontières fluides augmentent. Venise, dont l’image est dans un des tiroirs, et qui joue le rôle de ville à identité instable, étant donné qu’elle ne correspond pas à la définition commune d’un endroit où habitent des gens, donne aussi le prétexte au narrateur pour parler de sa propre instabilité identitaire, traduite par la difficulté à s’identifier avec une langue et une nation :

Dans une monarchie où les villes portaient plusieurs noms en diverses langues, je m’étais offert le luxe de ne pas en avoir. À cette époque imprécise, je babillais encore. Je baragouinais un mélange de tchèque, de slovaque et de polonais, et ce parler à mon usage personnel était comme un jargon supplémentaire dans un État polyglotte. (Pasa, 1995, p. 104)

C’est la destruction des identités (et des frontières) qui est profondément signifiée par le changement constant de nom de la ville russe, Saint-Pétersbourg (la cité idéale du cabinet), ce qui installe, de manière indirecte, la signification ultime de l’artificialité de quelques divisions :

Le fleuve, lui, n’en a jamais changé, mais cette maudite ville qui l’étreint jusqu’à son embouchure vient d’être rebaptisée, et ses noms à elle sont mouvants, instables comme le sol marécageux sur lesquels elle flotte. (Pasa, 1995, p. 119)

Loin d’être un roman qui parle de frontières au sens commun du terme, Le Cabinet des Merveilles symbolise l’incapacité de résoudre de façon satisfaisante ce problème d’une identité sans bornes, bien définie et apaisante. Les frontières virtuelles, que les différents tiroirs personnifient, le changement de noms et de conception (Venise et son statut de presque non-ville), cautionnent les réflexions littéraires sur la question des limites territoriales que d’autres romans, dont Zinc de David Van Reybrouck, peuvent s’avérer des exemples privilégiés.

Avant d’analyser plus minutieusement ce roman, il faudra se poser de nouveau le problème de la construction de la nation et de la typologie de l’autre et de ce qu’il signifie dans l’univers littéraire, social et politique.

6. La construction de l’autre

En 2010, sous la direction de Elizabeth Sauer et Julia M. Wright, un recueil d’essais intitulé Reading the Nation in English Literature, défend la théorie que les textes littéraires sont souvent responsables de la construction d’une nation et des frontières correspondantes. Sarah Corse (2010) souligne l’importance du choix de textes littéraires si l’on veut bien distinguer la littérature d’un pays et faire la différence avec un autre (Corse, 2010, p. 212). Comme elle l’a bien fait remarquer, il faut comprendre la nature artificielle de ces constructions (Corse, 2010, p. 213) et les conclusions que l’on peut avancer. Andrew Escobedo l’affirme qu’il faut faire attention à la construction d’identités qui sont souvent des inventions politiques pour tenir les masses contrôlées (Escobedo, 2010, p. 204).

Cette constatation indique très nettement le phénomène de l’invention de l’autre, celui qui est différent, ennemi (religieux, culturel, racial), construisant des frontières personnelles, et posant une question fondamentale : « La construction sociale procède-t-elle nécessairement par le rejet de l’Autre ? » (Beyaert-Geslin, 2021, p. 17). Cette question, difficile à répondre, implique nécessairement la construction de stéréotypes (dangereux si l’on veut établir des limites cohérentes) et la prédominance de certaines valeurs qui placent l’individu au centre d’un réseau dont il faut découvrir les issues et les préjugés (Sevastianov et alii, 2015, p. 80).

Les récits historiques qui ont une fortune considérable au XIXe siècle et qui, avec des différences substantielles, renaissent aux dernières décennies du siècle dernier, finissent par accorder un relief fondamental aux frontières, c’est-à-dire, aux identités politiques et aux rivalités entre les peuples voisins.

De nos jours, l’utopie de la destruction des barrières peut être symbolisée par l’Union européenne, même si, parfois, cette utopie s’avère instable (Kolossov et Scott, 2013) et des phénomènes inattendus peuvent menacer l’infranchissable désir d’union et de destruction des différences. Certains détails, apparemment d’une autre nature, peuvent ébranler cette conquête : je songe au SARS-COV2, cette pandémie qui a mis en cause la domesticité de l’espace européen. La difficulté d’envisager ce changement de paradigme a créé un grand malaise chez les peuples qui s’interrogeaient sur la pertinence de ces barrières momentanément introduites.

De l’autre côté se pose la clôture extrême, qui empêche la traversée des frontières par des peuples originaires de pays pauvres. Un exemple de la littérature portugaise peut servir comme modèle. Publié en 2018, Um Bailarino na Batalha [Un danseur dans la bataille], de Hélia Correia, parle d’un groupe d’Africains qui essaient de traverser le Sahara et d’arriver en Europe sur ces bateaux de fortune qui traversent la Méditerranée (Marinho 2020, pp. 159-173). Ce groupe de personnes, au degré zéro de l’humanité, affamé, à la limite de ses forces, oubliant les mœurs anciennes et désobéissant à tous les interdits, personnalise la défense de franchir des frontières, de pouvoir accéder aux biens qui, quoique géographiquement proches, deviennent terriblement lointains.

Sans personnages distinctement construits, malgré les cinq noms masculins et quatre féminins qui ressortent, mais qui deviennent une sorte de prototype du groupe, ce roman d’Hélia Correia actualise notre mémoire collective, devenant le récit de ce qui se passe dans un présent commodément relégué sur un plan plus virtuel que réel, pour devenir ainsi quelque chose de lointain et presque invisible. C’est ce que Susan Sontag veut dire lorsqu’elle défend qu’il est nécessaire que les images restent bloquées dans notre esprit (« What is called collective memory is not a remembering but a stipulating: that this is important, and this is the story about how it happened, with the pictures that lock the story in our minds », Sontag, 2003, pp. 67-68). Bien que cette auteure se concentre principalement sur l’image visuelle, sur la photographie, l’acuité de ses observations s’applique facilement à un roman extrêmement scénique, en mêlant les dialogues aux images, en privilégiant la visualisation de la foule migratoire dans un désert inhospitalier et punitif. Cette foule, dont la photographie virtuelle ne peut manquer de nous hanter (Sontag, 2003, p. 70) s’apprête à « étouffer la mémoire nationale », comme dirait Ismail Kadaré, dans La Niche de la Honte,1978 (Kadaré, 2018, p. 24). Cet écrivain albanais dépeint magistralement la perte d’identité imposée par des forces extérieures, étrangères, et certaines similitudes avec les Africains évoqués par Hélia Correia s’avèrent flagrantes : ceux-ci semblent vivre, dans leur marche sans fin, « la dénationalisation de la culture, l’anti-langue et l’anti-mémoire [qui] n’étaient que les préliminaires de l’anéantissement » (Kadaré, 2018, p. 153). Le « piège de la toile identitaire » (Correia, 2018, p. 100), dont Hélia Correia parle presqu’à la fin du roman, pointe une perte progressive que nous découvrirons pendant la lecture d’une centaine de pages qui composent le texte :

Tão-pouco se lembravam da hierarquia que punha o masculino antes de tudo. Se aceitavam alguma precedência, essa era a idade, mais nenhuma. Quando ela também fosse eliminada, tornar-se-iam europeus. Mas não sabiam. (Correia, 2018, p. 100)

[Ils ne se souvenaient pas non plus de la hiérarchie qui plaçait le masculin avant tout le reste. S’ils acceptaient une quelconque préséance, c’était l’âge, rien d’autre. Quand elle aussi serait éliminée, ils deviendraient Européens. Mais ils ne le savaient pas. (Traduction de l’auteur de l’essai)]

Dans ce livre, il y a la description d’une marche continue qui forme la scène de tout le roman, qui a pour objectif final l’arrivée en Europe et, avant elle, dans la ville, qui fonctionne comme un espace interdit : « Da cidade não se entra nem se sai. Ela é perfeita. Levou séculos a afinar. Imaginaram que seriam recebidos? » [On ne sort ni n’entre dans la ville. Elle est parfaite. On a pris des siècles à la régler. Vous aviez pensé être reçus ?] (Correia, 2018, p. 60). C’est la « cidade proibida » [la ville interdite], où l’on efface la « firmeza do passado » [fermeté du passé] (Correia, 2018, p. 72), où tout s’évanouit et où le vagabond n’a pas le droit d’entrer. Elle serait l’antichambre de la véritable Europe, qui a la dimension d’un pays de Cocagne, la place mythique où il ne faut pas travailler et où la nourriture serait disponible pour tout le monde.

Ce roman actualise le problème de l’identité perdue, de la nationalité perdue et recherchée, de la frontière insurmontable. Ces mêmes thèmes, traités de manière différente ou semblable, seront présents dans bien d’autres textes.

7. Les frontières intérieures : Abdellah Taïa, Celui qui est digne d’être aimé

Avant de commencer l’analyse de Zinc, je voudrais parler encore d’un autre type de frontière, la frontière psychologique, la frontière que l’on sent à l’intérieur de soi et avec laquelle on a du mal à vivre avec. Je donnerai comme exemple un petit roman de Abdellah Taïa, Celui qui est digne d’être aimé (2017), roman à lettres, ce qui favorise les différents points de vue qui se complètent (Marinho, 2022, pp. 234-239). Dans cette œuvre, il y a quatre longs chapitres (lettres ?) et trois narrateurs différents. Le personnage principal, Ahmed, marocain, est l’auteur du premier et du troisième chapitres. La première lettre est adressée à quelqu’un qui est déjà mort (la mère). Les deux autres lettres sont écrites par un Français qu’Ahmed a connu à Paris, et par un Marocain, son ami d’enfance. Les lettres dont on ne sait jamais si elles sont lues par leurs destinataires, sont écrites suivant un ordre chronologique inversé, cautionnant un discours qui s’explique à l’envers et dont on ne comprendra le signifié ultime qu’à la fin du roman. Le date des lettres, 2015, 2010, 2005 et 1990, et ce qui y est écrit fait connaître le parcours de vie d’Ahmed : dans la première et la troisième lettre, Ahmed écrit à sa mère, décédée il y a cinq ans et à Emmanuel, avec qui il a eu une relation amoureuse en France ; il est le destinataire d’une lettre écrite par Vincent et d’une autre écrite par Lahbib. On parvient à reconstruire son passé d’un enfant pauvre au Maroc et son présent parisien, qu’il veut abandonner peu à peu. Les figures féminines sont plus dominatrices et la mère apparaît comme maîtresse de sa destinée et de la destinée de ceux qui l’entourent, son mari décédé inclus :

Le soir même de sa mort, tu as donné ses vêtements et ses affaires aux mendiants, aux ivrognes, aux méchants. Vite, vite, ne surtout pas garder de trace de lui chez nous. (Taïa, 2017, p. 12).

La répétition symbolique de la mort du mari, la destruction de ses vêtements et de toutes ses affaires, renforce la position de Malika. Le protagoniste, homosexuel, dira : « Je ne suis ni homme ni femme. / Je suis toi, maman » (Taïa, 2017, p. 18) et ajoute : « Je suis homosexuel. Tu m’as mis au monde homosexuel et tu as renoncé à moi » (Taïa, 2017, p. 26). Cette place ambigüe, cet entre angoissant, le poursuivra au Maroc et en France, en construisant un espace de ruptures successives. Il dira que son frère aîné, Slimane, est « Le plus beau. Le plus fort. Le plus instruit. Celui qui est digne d’être aimé » (Taïa, 2017, p. 35) et tout son discours légitime le suicide final :

Dans la piscine, je ne crie plus. J’ouvre grand la bouche et je laisse entrer l’eau.

Attends-moi, Malika.

Je n’ai plus la force. Je n’ai plus envie ni de vivre ni de prendre l’avion. J’arrête ici, moi aussi. À quoi bon ! Je pars moi aussi. Le même jour que toi…

Donne-moi la main !

S’il te plaît… (Taïa, 2017, p. 38)

Ce suicide, précédé d’un autre, celui de Lahbib, est finalement la conclusion nécessaire d’un ensemble d’épisodes dysphoriques.

La deuxième lettre, écrite par Vincent et adressée à Ahmed, révèle l’abandon de Vincent par Ahmed après une seule rencontre. Vincent (fils d’un juif Marocain et d’une Française) attend Ahmed qui lui manque, qui n’accomplit pas ce qu’il avait promis et qui lui procure le prétexte de raconter une histoire qui paraît doubler en miroir celle du héros. Le père de Vincent, Juif et Marocain, cache sa langue maternelle, l’arabe, faisant semblant de maîtriser une culture qui n’est pas la sienne, modifiant exprès son identité, en changeant son vrai nom, Mardochi, en un nom ordinaire, Marc : « Je parlais arabe. La langue de mon père, qu’il nous avait toujours cachée » (Taïa, 2017, p. 58).

Le récit « juillet 2005 », dont l’auteur est Ahmed et qui est adressé à Emmanuel, son partenaire, est encore un récit de fausses rencontres, d’abandon et de fuites. En se souvenant de son initiation sexuelle au Maroc, Ahmed insiste dans l’affirmation de son identité perdue. Le refus de la langue française et de tout ce qu’Emmanuel représente se transforme dans la tentative désespérée d’assumer une identité qui le fuit : « Je ne veux plus parler français » (Taïa, 2017, p. 71).

Abandonner Emmanuel signifie le refus de tout ce que celui-là lui a imposé (la langue, les études universitaires de langue et culture françaises, les habitudes de la haute bourgeoisie européenne : « Au lieu de me protéger, de me réconcilier avec mon monde, tu m’en as détourné. Pire : tu as imposé ta vérité comme unique vérité valable » (Taïa, 2017, p. 73). L’idée de qu’« Il fallait maîtriser le français. C’était cela la voie royale pour sortir de la misère, être libre, être fort » (Taïa, 2017, p. 82), implique l’abandon de son passé marocain, ainsi que de son ami Lahbib (souvenir de son enfance), auteur de la dernière lettre. Effacer Lahbib, c’est annuler son identité, c’est augmenter l’intervalle entre les deux cultures, subordonnant l’une à l’autre, en créant une échelle de valeurs, décevante et menteuse. Les commentaires d’Ahmed suggèrent la décentration propice à une crise du sujet, qui est dans un entre encombré de murs (« Je ne suis plus Ahmed. Je suis Midou », Taïa, 2017, p. 90), dépourvu de nom :

Là-bas [au Maroc], tu voulais tout entendre de mes aventures enfantines, sexuelles avec lui [Lahbib]. Ici, à Paris, Lahbib a fini par ne plus représenter qu’un passé que tu m’incitais non pas à oublier mais à ne plus toujours prendre en considération.

‘Encore tes histoires de pauvre ! Tu devrais te centrer sur autre chose…Tu es à Paris… Tu es arrivé… ‘

Je n’avais pas les arguments pour pouvoir entrer en débat intellectuel avec toi, me défendre et défendre ce qui, tout au fond de mon cœur, comptait le plus pour moi. Alors je me suis tu. J’ai cessé de parler de Lahbib. Je l’ai tué en moi. (Taïa, 2017, p. 87)

Ce roman, que l’on pourrait considérer rempli d’identités échouées, est constitué de sécantes et tangentes culturelles, linguistiques et humaines. Le titre peut être lu de plusieurs façons : la phrase est appliquée à Silmane (le frère aîné) et à Lahbib (par la mère d’un de ses amants). Les destinataires reflètent cette condition, la renvoyant au héros qui la signifie dans le miroir. Ahmed, le déraciné, est véritablement « celui qui est digne d’être aimé », celui qui hésite dans un carrefour identitaire, en quête d’une place qui apaise les contradictions et les blocages.

Le livre de Taïa convoque une frontière intérieure, conséquence d’un choc provoqué par l’appartenance à des cultures différentes et par l’ambivalence sentie par les sujets dont l’identité s’ébranle et se dissout entre deux mondes.

8. La frontière intrusive : David Van Reybrouck, Zinc

Zinc (2016), de David Van Reybrouck, parle de l’ambigüité des frontières (Almeida, 2018), un mélange de documentaire et de fiction. L’auteur prête une attention spéciale aux autres (Marivat, 2022), à leurs points de vue.

Le récit est raconté à la première personne et le héros se propose d’énoncer tous les détails de son étrange existence et des circonstances qui l’ont amené à changer de nationalité sans changer de lieu, mettant à nu l’absurdité d’une situation qui arbitrairement marque des frontières où il n’y a rien de différent.

Le narrateur, anticipant une vie marécageuse, se pose le problème du discours et de son organisation et exclame : « Mais où commencer cette histoire ? » (Reybrouck, 2016, p. 8). Cela ne va pas sans réponse. Ce sera l’histoire de quelqu’un conçu en Allemagne, né dans un territoire neutre, Moresnet-Neutre, territoire qui sera annexé par des puissances politiques différentes dans une Europe bouleversée par la guerre :

Sans avoir déménagé une seule fois de sa vie, il a été successivement citoyen d’un État neutre, sujet de l’Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est amené comme prisonnier de guerre allemand. Il n’a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l’ont traversé. (Reybrouck, 2016, p. 63)

Son histoire est bouleversante. Sa mère séduite par le patron et abandonnée sitôt la grossesse déclarée, voyage de l’Allemagne vers ce territoire neutre afin de pouvoir accoucher et de procurer un meilleur avenir à son enfant. La question posée par le narrateur à propos de sa mère et dont il ne peut s’assurer, lance toujours un soupçon (« Une sombre excitation à l’idée de franchir une frontière ? », Reybrouck, 2016, p. 9). Cette frontière jamais franchie, mais toujours apparemment passée, hante un homme qui se place dans un espace pris d’une instabilité dangereuse et vertigineuse :

Le voilà, lui, l’homme qui a participé à l’occupation de l’Allemagne sous l’uniforme belge et à celle de la Belgique sous l’uniforme allemand, lui, l’enfant adultérin, l’homme dont l’identité, tel un bloc de minéral de zinc, a été fondue et refondue si souvent qu’il en est résulté détachement et résignation. (Reybrouck, 2016, p. 65)

Son histoire est dès le début l’histoire d’un homme dont le destin lui fait des grimaces, dont le nom est aussi instable que sa nationalité ou sa naissance méconnue. Né Joseph Rixen, il est rebaptisé par sa famille d’accueillement comme Emil Pauly, et plus tard assume le nom d’Emil Rixen, en asseyant de conserver le nom de sa mère inconnue, rejetant un père qu’il visite et qui a du mal à le reconnaître. Cette frontière intérieure, la difficulté de dire un je inchangé, ne fait que multiplier les nationalités diverses qu’il a successivement acquises. La focalisation externe que le narrateur démontre parfois ne fait qu’augmenter cette barrière multiple de l’individu à soi-même, incapable de se dévoiler entièrement : « Nous ne savons pas exactement quand Maria Rixen est arrivée » (Reybrouck, 2016, p. 20).

L’utopie représentée par l’esperanto peut symboliser le désir de détruire les barrières, l’estompement des différences linguistiques qui annoncerait la chute d’autres barrières individuelles et collectives. L’ambigüité de ce territoire, le malaise provoqué par la méconnaissance des règles, qui sont toujours relatives et équivoques, provoque de véritables crises d’identité qui se traduisent par un discours qui cache davantage qu’il ne montre :

Il y avait des familles dont le fils était appelé sous les drapeaux belges, tandis que la fille était fiancée à un garçon du village qui parlait exactement le même dialecte, mais qui était admis à servir l’Allemagne. J’essaie de me représenter les conversations, les tensions et les silences de l’époque. (Reybrouck, 2016, p. 41)

La question « Qui est-il ? D’où vient-il ? (Reybrouck, 2016, p. 50) se pose dès le début et n’est pas seulement une question rhétorique. Le sujet est anéanti par les circonstances adverses de sa naissance, de son parcours de vie, des guerres européennes. Il est le sujet sans identité stable, qui a du mal à avoir un nom, à avoir un sentiment d’appartenance familiale (ses parents biologiques sont à jamais inconnus et méconnus), d’appartenance politique, sociale ou économique. Il est le déraciné, à la patrie inexistante.

9. Conclusion

On revient sur l’interrogation du titre et on se demande quelles réponses proposer. Ce n’est pas une tâche facile. Des réponses contradictoires sont possibles et les auteurs qui ont pensé ces problèmes s’en rendent bien compte. Comme je pense l’avoir illustré, les frontières ne peuvent pas être classées d’une façon univoque et stable. On ne peut concevoir les frontières comme des lignes politiques définitives. Souvent, ces lignes ne correspondent pas à un sentiment réel d’appartenance et manquent de justification convenable. Mais, il y a encore un autre problème non moins important : l’émigration. Les émigrés sont souvent confrontés à des cultures, des habitudes, des religions, forcément différentes. La tentation de devenir comme les gens du nouveau pays se mêle au défi de ne pas vouloir oublier leurs racines. Cette réalité pose des problèmes d’intégration, d’instabilité identitaire et, à la limite, des sentiments de révolte et de radicalisation. Le personnage du roman Celui qui est digne d’être aimé, en est bien un exemple. La difficulté de choisir, de n’être plus quelqu’un d’hybride ou de dépaysé, pose des problèmes assez graves et a comme conséquence la polarité de sociétés qui ont du mal à gérer la multiculturalité et ses différences structurales.

Les frontières que les émigrés traversent ne peuvent se définir seulement comme des frontières politiques, sociales et même territoriales ; ce sont des frontières psychologiques, des frontières intérieures qui brisent le moi des sujets et qui peuvent entraîner des conséquences catastrophiques. L’émigré est, par définition, celui qui n’arrive pas à franchir la limite des territoires, limites souvent artificielles, mais aussi souvent bloquées, impossible à anéantir : limites culturelles, religieuses, sociales.

Les romans, que je viens d’analyser, illustrent les contradictions d’une notion qui ne réussit pas à établir des conceptions valables et durables.

Finalement, on pourra toujours plaider que les frontières servent à éloigner, à séparer, mais qu’elles servent aussi à unir, si elles sont envisagées d’une façon positive et stratégique.

Références bibliographiques
Textes de référence
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Maria de Fátima Marinho. Professeur Titulaire de l’Université de Porto; Membre du Conseil Général de l’Université (2021-) ; Vice-Présidente de l’Université (2014-2018) et Doyenne de la Faculté des Lettres (2010-2014): Membre du Conseil d’Administration de l’Association Internationale des Universités (2016-2022); Experte du Haut Conseil pour l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur – France (HCERES); Experte de l’Agence Nationale d’Evaluation (A3ES) et de la Fondation pour la Science et la Technologie (FCT)–Portugal; Professeur invitée à l’Université Eötvös Loránd, Budapest, Hongrie (Doctorat en études Portugaises, direction de thèses de plusieurs étudiants, 2010-2014), à l’Université de Belgrade, Serbie (certification de la licence en portugais, 2009-2015) et à l’Institut des sciences humaines de l’Université Mykolas Romeris, Vilnius, Lituanie (septembre-novembre 2020) – cours sur l’Introduction à la littérature portugaise (20 h).

Décoration du Gouvernement : « Officier de l’Ordre des Palmes Académiques » (2015).

Sa recherche se centre sur l’étude des XIXe-XXIe siècles : poésie, roman, roman historique. Ses publications sont nombreuses et elle a fait des conférences et/ou des cours en beaucoup d’Universités, au Portugal et à l’étranger.

Publications principales (livres) :

  • (2022). Camilo Castelo Branco e a Atração dos Abismos. CMVNF e Casa de Camilo (178 pp.)
  • (2009). A Lição de Blimunda – A propósito de Memorial do Convento. Areal Editores (126 pp.)
  • (2008). History and Myth – The Presence of National Myths in Portuguese Literature. Martin Meidenbauer Verlagsbuchhandlung (343 pp.)
  • (2005). Um Poço sem Fundo – Novas Reflexões sobre Literatura e História. Campo das Letras (453 pp.)
  • (1999). O Romance Histórico em Portugal. Campo das Letras (349 pp.)
  • (1989). A Poesia Portuguesa nos meados do Século XX–Rupturas e Continuidades. Caminho (265 pp.)
  • (1987). O Surrealismo em Portugal. Imprensa Nacional-Casa da Moeda (739 pp.)
  • (1982). Herberto Helder, a Obra e o Homem. Arcádia (263 pp.)

Renvois

  • Il n'y a présentement aucun renvoi.